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L’Ecole algérienne de la régence 1830 à l’indépendance 1962


Texte préparé pour la Rencontre de Budelière et présenté dans la salle.

L’Ecole Algérienne de la Régence 1830 à l’Indépendance 1962

Au début de la colonisation 1830/1880

Refus " logique " pour la plupart des musulmans du système éducatif français. A l’époque, comme dans beaucoup de pays, l’instruction était bien souvent rattachée à la religion.Ecoles coraniques, rabiniques et congrégations religieuses. En Algérie, des écoles coraniques et des médersas fonctionnaient bien.
Le 30
Octobre 1848  : la France décide que tous les immeubles qui appartiennent aux marabouts, les zaouias, et tous les établissements d’enseignement religieux d’Algérie sont réunis au domaine de l’état.

Dès 1833, il avait été fait appel aux religieux pour tenir des écoles et des orphelinats Il y avait notamment des soeurs de la Doctrine chrétienne et des filles de la charité en Algérie.

Pour la période de 1880 à 1962 :

En 1880, Jules Féry, nouveau ministre de l’instruction publique en France crée 8 écoles " ministérielles " dont 4 en Kabylie. Les critiques abondent alors contre tout développement de la scolarisation indigène. Un texte "éclairant " de cette époque : " Les Kabyles fréquentent trop les écoles, apprennent trop bien et trop vite. On est effrayé de voir tant d’arabes instruits et on se demande ce que l’on fera quand ils seront grands".

Les lois de Jules Féry de 1881 à 1882 en faveur des indigénes provoquent chez les européens une vive émotion et une opposition totale.

En 1883, il y a malgré tout des créations d’écoles indigénes. Un recteur Mr Jeanmaire s’installe en 1884 et va oeuvre contre "vents et marées " pour faire vivre ces écoles. Un texte de ce même recteur en 1898 indique bien sa volonté d’aller de l’avant et ses motivations humanistes dans un contexte de colonisation. " L’instruction donnée aux indigénes a pour but de faire d’eux des hommes honnêtes, éclairés, amis du travail, disposés à se rapprocher de nous par l’usage de notre langue et la constatation des progès auxquels nous leur offrons de participer en vue d’améliorer leur bien être, leur hygiène, leurs pratiques agricoles, leurs travaux industriels". Mais c’est une politique de désanalphabétisation et d’opposition à la scolarisation des algériens qui va l’emporter. Le recteur devra partir le 5 Novembre 1908

En 1939 Si 117 180 enfants musulmans sont inscrits dans les écoles primaires élémentaires dont 22 000 filles, - 71 % de ces enfants sont scolarisés dans 905 classes, et malgrè le système de présence à mi temps, les classes sont de 50 élèves - , 900 000 élèves musulmans restent à scolariser. Pour des besoins de " statistiques", une dizaine d’écoles magnifiques vont être créees surtout en Kabylie. Albert Camus en a été un témoin très critique.

En 1944 Elaboration d’un Plan de scolarisation Ce plan va permettre le triplement du nombre des écoles musulmanes. Mais la démographie galopante annihilera la lutte contre l’analphabétisme.

En 1954 12,75 % des 2, 4 millions d’enfants musulmans de 6 à 14 ans sont scolarisés dans des classes qui ont 20 heures de cours au lieu des 30 prévues et sont à 50 élèves par classe. ( Classe de 8h à 12 H pour les uns, et de 13H à 17H pour les autres.)

De 1954 à 1962 Poursuite du plan de scolarisation de 1944 A la suite du Plan de Constantine, mis en place par le Général de Gaulle le 20/08/1958, la construction de nombreuses classes préfabriquées va permettre l’accroissement significatif de la scolarisation des enfants musulmans. Six nouvelles écoles normales, dont 1 à Médéa vont s’ajouter aux six autres déjà existantes. Mais c’est déjà trop tard !

En 1962 juste avant l’indépendance : assassinat de 6 enseignants du Centre Social Educatif de Ben Aknoun, 3 français et 3 algériens dont Mouloud Feraoun auteur Du "Fils du Pauvre" Les assassins voulaient sans doute annihiler ainsi toute chance de fraternité et de tolérance réciproque.

Quelques témoignages éclairants :


Fehrat
Abbas a déclaré un jour que si son pays a pu donner à des algériens leur algérianité c’est à l’école publique française qu ’ils doivent leur humanité.

Il a écrit aussi avec humour dans un journal " l’Egalité " cette petite annonce : " Echangerais cent seigneurs féodaux de toutes races contre cent mille instituteurs et techniciens français."

Ben Bella le 12 Octobre 1962 dans un échange où il était question de la situation des instituteurs et du sort de la coopération culturelle déclara : " L’oeuvre des instituteurs français doit continuer. Je suis preneur de tous ceux qui seront volontaires. J’ai besoin d’eux pour l’avenir de l’école algérienne".

Le 20 Mars 1964 le général de Gaulle rapporte à Alain Peyreffite les propos que lui aurait tenus Ben Bella  ; ce dernier déborde d’éloges à l’égard des coopérants et notamment des instituteurs et ajoute ainsi " Ah, si tous les colons s’étaient comportés ainsi, au lieu de faire -suer le burnous - " ! ( Mr Peyreffite, souligne que c’est en fait le général de Gaulle qui aurait ajouté cette phrase ! )

Notes d’après le livre : Dans L’Ecole en Algérie : 1830-1962 De la régence aux centres sociaux éducatifs Collectif Editions Publisud.





Le mercredi 8 juin 2005 par Mourot Jean Claude

Dans la même rubrique : L’enseignement Catholique en Algérie de 1830 à 1976 et l’Institution St Joseph de Boufarik
Medersa en 1963
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